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Victor Cousin

L’éducateur et philosophe français Victor Cousin (1792-1867) a contribué à réorganiser le système scolaire primaire français. Il a également établi l’étude de la philosophie comme une poursuite intellectuelle majeure des écoles secondaires et supérieures françaises.

Victor Cousin est né à Paris en pleine Révolution le 28 novembre 1792, fils d’un pauvre horloger. Comme la plupart des garçons d’humble naissance à cette époque, Cousin croupit dans les rues en attendant l’âge approprié pour entrer en apprentissage. À l’âge de 11 ans, un événement fatidique modifie le cours de sa vie : lors d’une bagarre de rue entre collégiens, Cousin vient au secours de l’outsider, sous le regard de sa mère. Femme fortunée, elle lui paie avec reconnaissance sa scolarité au Lycée Charlemagne, où il devient l’un des élèves les plus brillants de l’histoire de l’établissement. Il poursuivit sa brillante carrière savante d’abord comme étudiant à la prestigieuse école Normale, où il se décida pour une carrière de philosophe, puis comme professeur de philosophie et dans plusieurs écoles, et enfin comme professeur à la Sorbonne.

Développement de l’éclectisme

En 1817 puis en 1818, Cousin se rend en Allemagne pour rencontrer les grandes figures des lettres allemandes, J. W. von Goethe, Friedrich Schleiermacher, Friedrich von Schelling et, surtout, G. W. F. Hegel. Selon l' »éclectisme » de Cousin, comme il appelle son approche, l’esprit humain peut accepter toutes les interprétations modérées et soigneusement réfléchies du monde. Aucun système de pensée n’est considéré comme faux, simplement incomplet. En étudiant l’histoire de la philosophie, et Cousin a demandé à ses étudiants de choisir dans chaque système ce qui est vrai en lui et, ce faisant, de parvenir à une philosophie complète. L’introduction de l’histoire de la philosophie comme une discipline majeure dans les écoles supérieures en France est une réalisation durable de Cousin. Il a organisé l’histoire de la philosophie en deux ouvrages majeurs : Cours de l’histoire de la philosophie, écrit et révisé entre 1815 et 1841, dont certaines parties ont été traduites en anglais ; et le très lu Du vrai, du beau, et du bien (1836), qui a été traduit en anglais sous le titre Lectures on the True, the Beautiful, and the Good, et qui est sorti en 31 éditions sur 90 ans.

Pressions politiques

Pendant les années répressives de la restauration des Bourbons (1820-1830), Cousin, jugé trop libéral, est renvoyé de la Sorbonne. Lors d’un voyage en Allemagne à cette époque, il est emprisonné pendant 6 mois pour être un agitateur libéral, une accusation totalement infondée.

Dans le gouvernement de la Monarchie de Juillet (1830-1848), Cousin atteint les sommets du pouvoir et du succès comme éducateur et homme d’État. En tant que membre du Conseil d’État et plus tard en tant que pair, il a exercé la principale influence sur les écoles et les universités françaises. En raison de sa connaissance de l’Allemagne, Cousin est envoyé pour étudier les systèmes d’enseignement primaire performants de plusieurs États allemands, notamment la Prusse. Son livre Report of the State of Public Instruction in Prussia (1833), qui recommande des réformes aux Français, est lu à l’étranger et incite de nombreux Américains, dont Horace Mann et Calvin Stowe, à se rendre en Prusse pour apprendre comment guider au mieux le développement de l’école commune américaine naissante. La loi Guizot de 1833, qui était une constitution pour le système scolaire primaire français, a été écrite par Cousin et basée sur son rapport.

La Révolution de 1848 a laissé Cousin sans emploi. Pourtant, son influence a continué à se faire sentir dans les deux générations suivantes, puisque les dirigeants de la nation française étaient les diplômés des écoles qui, pendant 18 ans, avaient senti l’empreinte du style dynamique, de la pensée et de la personnalité de Cousin. Cousin ne s’est jamais marié. Sa volumineuse correspondance, qui s’est poursuivie régulièrement jusqu’à sa mort, atteste d’amitiés étroites avec de nombreux dirigeants en Europe et en Amérique du Nord.

Lectures complémentaires

Le meilleur livre en anglais sur Cousin, une biographie affectueuse et colorée, est Jules Simon, Victor Cousin (2e éd. 1882 ; trans. 1888). Voir aussi George Boas, Les philosophies françaises de l’époque romantique (1925). □