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Alice Munro : Short Stories Analysis

« Face »

Il est clair que le narrateur était sensible à son visage lorsqu’il était un jeune enfant. Le narrateur se souvient : « J’ai eu l’idée que la moitié de mon visage était d’une sorte de couleur terne et douce, presque moussu, une ombre poilue. » En raison de cette sensibilité, il a interprété le visage de Nancy, qu’elle avait peint en rouge lors d’une de leurs séances de jeu, comme un affront à l’apparence faciale du narrateur. Ainsi, lorsque Nancy a montré son visage au narrateur, il a « couru à travers le cottage » en criant « Je ne suis pas rouge ». Le cri est une réponse de déni qui vise à rassurer le narrateur sur le fait que son visage n’est pas aussi répugnant que Nancy le dépeint.

Plus tard, le narrateur découvre que l’acte de Nancy de peindre son visage en rouge n’était pas un affront. La mère du narrateur, lors d’une sortie, l’informe :  » Elle (Nancy) a coupé juste cette joue. Elle a essayé de faire de son mieux pour te ressembler. » L’incitation de Nancy peut être déconstruite à l’aide du concept de soi symbolique. Avoir une joue comparable à celle du narrateur a été stimulé par le désir ardent d’être comme le narrateur afin de se sentir complet. Par conséquent, même si sa mère lui interdit de jouer avec le narrateur, elle continue de croire que le narrateur contribue à son identité symbolique. Le fait de déménager dans une autre maison ne change rien à sa quête de l’accomplissement de son Moi symbolique, car il s’agit d’une question profondément psychologique. Par conséquent, pour Nancy, le symbole le plus vital de sa vie est une joue cicatrisée.

Le rêve du narrateur, qui éclaire sa décision de ne pas vendre la maison, indique que ses souvenirs de Nancy sont dans l’inconscient. Nancy est la lectrice de poèmes qui apparaît dans les rêves du narrateur et lui lit un poème. La décision de ne pas vendre la propriété implique que le narrateur tient encore à tous les souvenirs qu’il y a créés avec Nancy. Le rêve est une régression qui permet au narrateur de revivre son enfance. Le narrateur observe que « quelque chose s’était passé ici (la maison de son enfance). Dans votre vie, il y a quelques endroits, ou peut-être un seul endroit, où quelque chose s’est produit. Et puis il y a les autres endroits, qui sont juste d’autres endroits ». Il est clair que, malgré les drames que le narrateur a vécus dans cette propriété pendant son enfance, la propriété est impliquée dans la vie du narrateur. En conséquence, la vente de la propriété est une seule et même chose que la vente des souvenirs.

« Wild Swans »

Le principal objectif de Rose pour son voyage à Toronto est de se procurer des articles qui amélioreront son apparence. Alice Munro écrit :  » Elle espérait beaucoup des bracelets en argent et de l’angora bleu poudre. Elle pensait qu’ils pourraient la transformer, la rendre calme et svelte, faire disparaître les frisottis de ses cheveux, sécher ses aisselles et transformer son teint en perle. » Le désir de changement de Rose laisse entendre qu’elle veut être sexuellement attirante. Rose veut s’engager dans un voyage de conversion qui fera d’elle une femme magnifique et sexuellement attirante.

La rencontre du « ministre » avec les cygnes sauvages est similaire à sa rencontre avec Rose. Le ministre informe Rose qu’il est tombé sur le cygne au cours d’un voyage. De même, le ministre rencontre Rose dans le train par hasard. Le symbole du cygne est essentiel car avant de monter dans le train, Flo avait chanté « la chanson du croque-mort qui mentionnait le cygne ». Dans la chanson, le croque-mort chantait : « Sa gorge est comme le cygne ». Comparer la gorge d’une femme/fille à un cygne, c’est souligner la beauté. Peut-être, la narration du ministre sur les cygnes est une manière indirecte de dire à Rose qu’elle est aussi éblouissante qu’un cygne.

Les fantaisies de Rose concernant la main du ministre qui examine son corps sont  » gonflées hors de proportion « . Avant de se plonger dans les imaginations sexuelles, Alice Munro écrit :  » Un coin de journal a touché sa jambe, juste au bord de son manteau.  » Peut-être s’agit-il du fantasme de Rose, de  » désirer ardemment être l’objet de quelqu’un. Martelée, jouie, réduite, épuisée », qui catalyse ses pensées sur la main. Tous les mouvements des mains du pasteur font partie d’un « courant de conscience ».

Evidemment, les imaginations de Rose lui inspirent la création d’un Ordre imaginaire. Alice Munro écrit :  » Mais il y avait plus que cela : la curiosité. Plus constante, plus impérieuse, que n’importe quelle convoitise. Une convoitise en soi, qui vous fait reculer et attendre, attendre trop longtemps, risquer presque tout, juste pour voir ce qui va se passer. » Rose est incapable de prononcer les mots « s’il te plaît, ne fais pas ça », car cela la ferait sortir de son ordre imaginaire. En prononçant ces mots, elle se rendrait compte qu’en réalité, la main du ministre ne caresse pas son corps. Sa bizarrerie est activée par le désir de luxure. On peut dire que l’instinct amoureux (Eros) de Rose émerge tout au long du voyage en train car, même si elle croit que « rien n’allait se passer, rien de plus. Ses jambes n’allaient jamais s’ouvrir. Mais elles l’étaient. Elles l’étaient. » L’Eros est si résilient que Rose ne peut pas le diminuer, même si elle pense être en charge de son corps, l’Eros déclenche des sensations irrésistibles qui l’incitent à ouvrir ses jambes involontairement. Toutes les histoires que Flo lui a racontées sur les ministres véreux ne suffisent pas à dissuader son Eros de grandir.