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Qu’est-il arrivé aux enfants de Marie-Antoinette ?

Marie-Antoinette a été dépeinte comme l’épouse dépensière qui se mêlait des affaires politiques de son faible mari, Louis XVI. Mais elle était aussi une mère dévouée pour ses quatre enfants, qui apportaient un réconfort émotionnel à la reine troublée.

La Révolution française allait déchirer la France – et la famille de Marie – entraînant la mort de Louis, de Marie et de leur fils, et laissant leur seul enfant survivant pour faire face au traumatisme et à la tragédie du destin de la famille.

Louis XVI et Marie-Antoinette ont lutté pour fonder une famille

La 15e des 16 enfants nés de l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse et de l’empereur du Saint-Empire François Ier, Marie est fiancée à l’héritier du trône de France alors qu’elle est encore enfant. Le couple se marie en 1770 alors qu’elle n’a que 14 ans et Louis 15 ans.

Les jeunes mariés savaient tous deux que le premier devoir de Marie en tant qu’épouse était de produire un héritier mâle. Mais le mariage n’a pas été consommé pendant plusieurs années, en raison d’un problème physique ou psychologique de la part de Louis. Les cours royales étaient notoirement bavardes, aucune plus que celle de Versailles, remplie d’intrigues, et Marie et Louis furent harangués de conseils et de critiques sur leur supposé « échec » biologique – avec le frère de Marie dépêché pour donner au jeune roi des conseils sexuels étape par étape.

Ce n’est qu’en 1778, quatre ans après leur accession au trône de France, que leur premier enfant est né. Bien qu’elle ne soit pas le fils espéré, Marie-Thérèse apporte un soutien émotionnel indispensable à sa mère, dont l’apparence et les dépenses apparemment frivoles masquent une profonde solitude et des insécurités.

Farewells of Louis XVI to his family on January 20, 1793 at the Temple. Painting by Jean Jacques Hauer

Adieux de Louis XVI à sa famille le 20 janvier 1793 au Temple. Peinture de Jean Jacques Hauer.

Photo : Leemage/Corbis via Getty Images

Marie Antoinette était une mère attentionnée

En 1781, Marie donne naissance à Louis Joseph, qui devient l’héritier de son père, un rôle connu sous le nom de « dauphin ». Marie était dévouée à ses enfants, même si elle était souvent empêchée de s’occuper de leurs soins quotidiens en raison du strict protocole royal. Quand elle le pouvait, elle se retirait avec ses enfants au Petit Trianon, un petit château à Versailles que Louis lui avait offert.

Vêtue de vêtements plus modestes, Marie se créait une seconde vie idyllique (et coûteuse), loin à la fois des regards indiscrets des courtisans et des réalités de l’impopularité croissante de Marie et de Louis au sein du peuple français. Alors que Marie avait été une princesse populaire à son arrivée en France, ses dépenses et ses caprices étaient devenus un aliment pour des rumeurs scandaleuses sur sa vie privée, et la croyance (erronée) que ses dépenses étaient la ruine de l’économie française.

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Marie-Antoinette et Louis XVI ont perdu deux enfants avant de perdre leur couronne

Bien que Louis et Marie se soient appréciés (contrairement à la plupart des autres mâles royaux, Louis n’a pas pris de maîtresse officielle), leur couple n’était pas un grand couple d’amoureux. Pour Marie, ce rôle a été joué par Axel von Fersen, un diplomate suédois. Lui et Marie ont probablement commencé leur liaison après son retour de la guerre d’Indépendance américaine. La naissance du troisième enfant de Marie, Louis-Charles, en 1785, fait jaser dans toute la France, car beaucoup supposent qu’il s’agit du fils de von Fersen. L’année suivante, elle donne naissance à son dernier enfant, la fille Sophie.

La tragédie frappe moins d’un an plus tard, lorsque Sophie, née prématurément, meurt. Au cours de l’été 1789, Marie et Louis sont dévastés par la mort de l’héritier Louis Joseph, âgé de sept ans seulement. Enfant brillant mais maladif, il est probablement mort d’une tuberculose de la colonne vertébrale. Ses parents affligés n’ont pas eu beaucoup de temps pour faire leur deuil, car le baril de poudre qui allait devenir la Révolution française a explosé avec la prise de la Bastille quelques semaines seulement après la mort de Louis.

Louis-Charles a connu un sort épouvantable

À la fin de 1789, la famille royale a été déplacée de Versailles et placée en captivité à Paris. Après une série de tentatives d’évasion infructueuses (dont une ingénierie par von Fersen), la monarchie est abolie par le gouvernement révolutionnaire en 1792. Louis XVI est détenu séparément de sa famille et est exécuté en janvier 1793.

Si Marie est initialement autorisée à rester avec ses enfants, les autorités les séparent rapidement. Marie, désormais connue sous le nom de Marie Capet, est maintenue sous haute surveillance (ce qui ne l’empêche pas de continuer à préparer son évasion). Son fils, Louis-Charles, fut enfermé dans une chambre sombre et fétide où il était nourri de maigres rations, empêché de voir tout visiteur extérieur et physiquement maltraité par ses geôliers.

Isolé et effrayé, le garçon commença à montrer des signes d’instabilité émotionnelle, probablement exacerbés par la fausse accusation qu’il fut forcé de donner par ses geôliers, selon laquelle il avait été sexuellement molesté par sa mère et sa tante, la sœur de Louis XVI. Cette fausse preuve a été utilisée lors du procès de Marie, une accusation que sa mère, le cœur brisé, a farouchement niée. Après un procès éreintant de deux jours, Marie est reconnue coupable de crimes contre l’État et suit son mari à la guillotine le 16 octobre 1793.

Moins de deux ans plus tard, en juin 1795, Louis-Charles, 10 ans, meurt, probablement d’une tuberculose aggravée par les mauvais traitements qu’il a subis. Un médecin compatissant a fait sortir clandestinement le cœur de l’enfant de la prison après son autopsie, où il est parti pour une odyssée de plusieurs siècles, passant aux relations royales à travers le continent avant de finalement reposer à côté des tombes de ses parents dans l’église de Saint-Denis à Paris au 20e siècle.

Marie-Therese and Louis Joseph on a walk in the Trianon gardens with their mother, Marie Antoinette.

Marie Thérèse et Louis Joseph en promenade dans les jardins de Trianon avec leur mère, Marie Antoinette. Peinture d’Adolf Ulrich Wertmuller.

Photo : Getty Images

Il y avait des centaines d’imposteurs de Louis-Charles

Malgré l’abolition de la monarchie française, les partisans royaux croyaient que Louis-Charles était devenu roi après l’exécution de son père. Des rumeurs se répandent rapidement selon lesquelles le garçon aurait miraculeusement échappé à ses ravisseurs et que le corps d’un autre enfant mort aurait été utilisé à sa place.

Au cours des décennies suivantes, des dizaines de personnes prétendront être Louis XVII. Si la plupart de ces prétendants ont été facilement écartés, d’autres ont présenté des « preuves » qui ont influencé les croyants. Karl Wilhelm Naundorff, un horloger allemand, a écrit une série de mémoires qui se sont avérées si convaincantes que plusieurs membres survivants de la famille royale ont épousé sa cause (l’unique sœur supposée survivante, Marie-Thérèse, était notamment absente). Lorsqu’il meurt aux Pays-Bas en 1845, son acte de décès et sa pierre tombale l’identifient tous deux comme Louis XVII.

La théorie de l’évasion de Louis XVII est devenue une industrie artisanale, avec plus de 500 livres publiés sur le « dauphin perdu », ainsi qu’une revue mensuelle lancée à la fin du XIXe siècle. Le destin de Louis-Charles a même attiré l’attention de Mark Twain, qui en a fait mention dans son chef-d’œuvre, Huckleberry Finn.

Enfin, en 2000, des preuves médicales concluantes ont mis fin à la théorie. Les scientifiques ont utilisé l’ADN de parents royaux (ainsi qu’une mèche de cheveux de Marie) pour le faire correspondre de manière concluante à un échantillon prélevé sur le cœur conservé de Louis-Charles, prouvant une fois pour toutes que le dauphin condamné ne s’était pas échappé.

L’unique fille survivante de Louis et Marie est devenue reine de France – pendant 20 minutes

Marie Thérèse est restée en prison, avec peu d’informations sur le sort de sa famille, jusqu’à un peu avant son 17e anniversaire en décembre 1795. Libérée après la fin du règne de la Terreur, elle est d’abord envoyée en Autriche, pays natal de sa mère.

En 1799, sur l’insistance de son oncle (qui s’était fait appeler Louis XVIII après la mort de Louis-Charles), elle épouse son héritier, son cousin germain Louis, duc d’Angouléme. Ce fut un mariage malheureux, qui ne fut jamais consommé. Le couple passa plusieurs années en exil en Grande-Bretagne, avant de revenir en France en 1814, lorsque Louis XVIII devint roi après l’abdication de Napoléon Bonaparte, dans ce qui fut connu comme la Restauration des Bourbons.

Les tragédies de sa vie, sans surprise, ont laissé Marie-Thérèse une femme méfiante et quelque peu aigrie. Elle se désespérait de la litanie d’imposteurs qui exigeaient qu’elle les reconnaisse comme son frère. Elle est contrainte de fuir la France à plusieurs reprises, alors que l’emprise de la monarchie bourbonienne restaurée devient de plus en plus ténue. En 1824, après la mort de Louis XVIII, son mari devient l’héritier du trône.

Six ans plus tard, pendant la Révolution de 1830, son mari devient brièvement le roi Louis XIX lorsque son père abdique. Marie devient reine – jusqu’à ce que son mari, à son tour, abdique moins d’une demi-heure plus tard, en faveur de son neveu. Elle passe le reste de sa vie en exil, passant d’une cour royale à l’autre. Elle meurt, âgée de 72 ans, en octobre 1851, et est enterrée à côté de son mari dans ce qui est aujourd’hui la Slovénie.