Articles

L’intolérance du monde' à l’égard des bébés bruyants en dit long sur la façon dont les femmes sont perçues

Mais il y a une différence entre être un parent grossier et irrespectueux qui enseigne les valeurs du droit à leurs petits seigneurs et petites dames et être simplement un parent qui essaie de tenir le coup et de rester connecté au monde. Les premiers sont précisément ceux qui, comme l’a fait un de mes amis, amènent leur bambin dans une boutique de cadeaux et, après l’avoir vu déchirer joyeusement le papier d’emballage, à la grande surprise du gérant du magasin, déclarent que « Hugo est très artistique ». Ce dernier est le type de personnes qui luttent régulièrement avec le stress de gérer leurs propres enfants en public (et les regards pointus qu’ils attirent des autres personnes) par rapport à leur besoin de se rappeler ce que c’est que d’être un être humain dans ce même espace public.

Je connais les deux côtés de cette équation. J’ai déjà été la personne snob, sans enfants, qui cédait à son irritation face aux enfants turbulents, en particulier ceux qu’on laisse courir autour des jambes dans les cafés et les restaurants ou qui font des crises de colère bruyantes et criardes dans le confinement des chariots de tramway ou, pire, dans les cabines d’avion. « Les enfants devraient être mis dans la soute à bagages ! » Je plaisantais à qui voulait bien m’écouter.

Bien sûr, j’ai un bébé maintenant et j’ai donc rejoint les rangs des parents assiégés qui se sentent constamment poussés à garder leur progéniture retenue et sous contrôle. Et si je continue à penser qu’il est acceptable que certains endroits excluent les enfants (les bars à poky, par exemple, ou les boîtes de nuit, les casinos et les expositions d’armes à feu), je regrette aussi le temps que j’ai passé à contribuer au jugement des parents. Et soyons honnêtes, quand on parle de juger les parents, on parle surtout des mères.

Parce que ce sont les femmes qui sont largement chargées de la responsabilité de l’éducation primaire des enfants.

Ce sont les femmes qui doivent se débattre avec des bébés grincheux aux gémissements aigus, qui doivent manœuvrer des poussettes encombrantes dans des allées étroites tout en étant parfaitement conscientes que cette occupation de l’espace par les enfants et leurs besoins est considérée comme l’apogée du comportement de recherche d’attention, de regard sur moi, pour lequel les femmes sont si rapidement montrées du doigt. C’est nous qui nous ferons engueuler si nous ne parvenons pas à maîtriser ces petites boules de cristal qui se précipitent d’un objet brillant à l’autre. Et à travers tout cela, on accepte simplement que cette irritation soit non seulement acceptable, mais qu’on la repousse à juste titre.