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Les histoires émouvantes derrière les cicatrices de ces femmes changeront votre sentiment sur votre corps

À l’été 2016, la photographe Sophie Mayanne travaillait sur un shooting pour un magazine. Intitulé « Behind The Scars », il s’agissait d’une célébration des corps naturels et mettait à l’épreuve la sensibilité brute de Mayanne. Mais la photographe britannique ne se contentait pas de quelques modèles. Elle voulait trouver plus de personnes – en particulier des femmes – qui étaient prêtes à partager les histoires derrière leurs cicatrices.

« Je sentais que j’avais mis mon pied dans une porte, et j’avais besoin de la pousser grande ouverte et d’explorer davantage », me dit Mayanne. Avec cette idée en tête, la photographe a entrepris d’explorer comment ces supposés « défauts » peuvent affecter nos vies et nos mentalités. Ce projet passionné s’est rapidement transformé en une campagne à part entière, portant le même nom que cette première séance de photos inspirante. Grâce à Behind The Scars, Mayanne a maintenant photographié plus de 300 personnes de tous horizons.

Chaque cliché « est un acte d’acceptation de soi, de défi et d’amour ». Dépeignant des personnes qui ont été scarifiées dans leur gloire naturelle, les photos sont postées sur Instagram aux côtés d’une histoire qui va au-delà du visuel pour expliquer comment les gens ont eu leurs cicatrices et juste comment ils se sentent à leur sujet maintenant.

La campagne est une leçon d’acceptation de soi. Alors que certains sont plus qu’heureux de montrer leurs marques, beaucoup de personnes ayant des cicatrices importantes finiront par cacher leur peau pendant des années.

Sophie Mayanne/Behind The Scars

Certaines histoires sont particulièrement déchirantes. Des récits de cicatrices résultant d’années d’automutilation et de combats contre le cancer côtoient des images montrant une femme dont le corps est couvert de brûlures et une autre dont les médicaments contre l’acné ont transformé ses boutons de colère en chéloïdes douloureuses.

Mercy (photo ci-dessus) a été victime d’un incident de violence domestique lié à un incendie. « J’ai été brûlée à l’âge de 29 ans, et cela a été un parcours difficile pour en venir à bout », a-t-elle confié à Behind The Scars. « Le réconfort que je retire de mes cicatrices est qu’elles font de moi ce que je suis aujourd’hui. Je les appelle mes bijoux les plus précieux et les plus chers. J’ai survécu et si le fait d’être prise en photo et d’exposer mes cicatrices peut aider quelqu’un d’autre, alors c’est bien pour moi. »

Sophie Mayanne/Behind The Scars

« Sans les histoires, les photos seraient facilement mal comprises », dit Mayanne. « L’histoire elle-même peut très souvent créer une cicatrice émotionnelle interne qui, pour certaines personnes, peut être plus difficile à gérer que la cicatrice physique. Je pense qu’il est important d’ouvrir des discussions autour des voyages personnels que les gens ont fait avec leur santé mentale. »

Trouver des modèles volontaires a été beaucoup plus facile que Mayanne ne le pensait. Les gens – qui suivent généralement la série depuis sa création en avril 2017 – l’approchent souvent, ce qui l’amène à faire des séances photo au moins une fois par mois au Royaume-Uni. Mayanne espère également photographier au moins 1 000 personnes pour la série et elle s’aventure déjà plus loin, se rendant à New York dès février pour une séance spéciale.

Sophie Mayanne/Behind The Scars

La photographe de 24 ans a également veillé à ne pas faire de discrimination en matière d’âge. Des enfants aux personnes âgées, Behind The Scars prouve que même la plus petite des cicatrices peut affecter l’estime de soi d’une personne, quel que soit son âge. C’est quelque chose dont j’ai été personnellement témoin. Alors que je n’ai que quelques petites marques (la plus visible étant au-dessus de ma lèvre, lorsque j’ai décidé de me balancer sur un portail), ma mère a toujours été gênée par la cicatrice à la jambe qu’elle a gardée après avoir été renversée à l’âge de quatre ans. Il lui a fallu près de 50 ans pour montrer ses jambes sans se soucier de ce que les gens pensent.

Barbara (photo ci-dessus) a été diagnostiquée avec une forme rare et agressive de cancer du sein en 2014, et est l’un des modèles les plus âgés de la campagne. « Trois opérations chirurgicales et deux traitements de chimiothérapie plus tard, ce sont les cicatrices que je porte », a-t-elle déclaré à Mayanne, ajoutant qu’il lui a fallu beaucoup de temps pour « enfin embrasser » ses cicatrices. « Elles témoignent de mon parcours, du courage et de la force que je ne pensais pas avoir. Récemment, on m’a annoncé que le cancer était revenu. Étonnamment, je me sens en paix. »

Sophie Mayanne/Behind The Scars

Injecter un sentiment de relaxation et de facilité dans ses prises de vue peut parfois être difficile, admet Mayanne. Mais elle a trouvé un moyen d’encourager les participants à se sentir à l’aise devant l’appareil photo : « J’ai généralement mon chien au studio, car il est très efficace pour calmer les nerfs. Il est important que toute personne dont je prends une photo se sente détendue. »

Vous avez peut-être remarqué que chaque image a l’air particulièrement frappante grâce à sa qualité non éditée. En octobre 2017, Mayanne a décidé d’abandonner Photoshop et de s’engager à laisser ses photos non éditées (à l’exception de quelques retouches d’éclairage ici et là).

La réaction à cela, et au projet en général, a été écrasante. « J’ai reçu des réponses du monde entier de personnes qui estiment que le projet les a aidées. C’est incroyable le nombre de personnes qu’un ensemble de photographies peut toucher », déclare Mayanne.

Sophie Mayanne/Behind The Scars

Malgré la photographie de centaines de personnes, Mayanne pense que cette histoire n’est pas tout à fait terminée. Elle est actuellement en train de faire du crowdfunding pour continuer la campagne et espère récolter 5 000 £ pour permettre à encore plus de personnes à travers le monde d’avoir la chance d’embrasser leur corps. En plus de capturer les histoires de plus de personnes au Royaume-Uni, Mayanne espère faire un voyage autour de l’Europe au début de 2019.

Son objectif principal, cependant, est de produire éventuellement un livre. Un beau tome d’encouragement pour les hommes, les femmes et les enfants. Je ne sais pas pour vous, mais c’est un concept auquel j’adhère volontiers.