Les femmes et l’avortement : le passé atteint le présent
But : Cet article rapporte une étude des réponses des femmes à l’avortement sur une période prolongée.
Contexte : La plupart des études sur les réponses post-avortement ne dépeignent pas ce que les femmes vivent sur une période prolongée, car beaucoup n’utilisent qu’une période de suivi de 24 mois. Les résultats d’études antérieures indiquent que les femmes ont des pensées sur leur avortement qu’elles suppriment ou qu’elles trouvent intrusives.
Méthode : Seize femmes qui avaient choisi d’interrompre une grossesse pour des raisons non médicales au moins 15 ans auparavant ont été interrogées au cours des années 1999-2001. Cette étude phénoménologique a révélé leurs réponses et leurs réflexions sur leur(s) avortement(s).
Constatations : Chacune des femmes a dit avoir pensé à son ou ses avortements à différents moments. Le ou les avortements n’étaient pas un événement limité dans le temps ; au contraire, les pensées, les émotions et les idées sur la signification de ces expériences étaient permanentes, au fur et à mesure que les événements de la vie se déroulaient. Le passé s’est immiscé dans le présent de diverses manières et à des moments imprévus. Les difficultés rencontrées lors de grossesses ultérieures, les étapes importantes de la vie et les événements banals concernant les enfants d’amis étaient des déclencheurs courants de pensées récurrentes sur les avortements passés. Ces pensées récurrentes présentaient des caractéristiques d’évitement ou de suppression et d’intrusion.
Conclusion : Lors de la prise d’antécédents obstétriques, les infirmières et les sages-femmes devraient être sensibles lorsqu’elles s’enquièrent des divergences entre le nombre de fois qu’une femme a été enceinte et le nombre d’enfants vivants. La femme doit avoir l’occasion de discuter, dans un environnement sûr et sans jugement, des émotions ou des pensées qu’elle peut exprimer. Les prestataires de services de santé pour les femmes doivent réfléchir aux moyens de rassurer les femmes sur la nature courante des pensées récurrentes et sur le spectre des réactions émotionnelles qui, même des années plus tard, est normal.